
La fonte des glaces, une icône du changement climatique ?
34 min | 24/02/2021
Ce monde du froid que l’on imagine immuable et éternel va-t-il disparaître avec le réchauffement climatique ? Des virus vont-ils s’en échapper ? Des terres vont-elles être submergées ? Comment les médias traduisent les réalités du dérèglement climatique aux pôles et dans les glaciers de montagnes ?
Le glaciologue Étienne Berthier, l’enseignante chercheuse en communication environnementale Nicole D’Almeïda et le virologue Bernard Mariamé nous éclairent sur le sujet.
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Nos invités :
- Étienne Berthier, chercheur CNRS, glaciologue au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos - Observatoire Midi-Pyrénées, IRD, CNES, CNRS, Université Toulouse III – Paul Sabatier). Il exploite les données des satellites pour suivre les glaciers de montagne. Il a participé à des missions de terrain dans les Alpes, en Islande, en Alaska ou au Népal.
- Nicole D'Almeïda, enseignante-chercheuse à l'Université Paris-Sorbonne, intégrée au Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information et de communication (GRIPIC) de l’École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (Celsa).
- Bernard Mariamé, chercheur CNRS à la retraite, spécialiste du virus Herpès. Il étudie les grandes questions virologiques comme le rôle des virus dans l'évolution.
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Morceaux choisis
« Il y a différentes formes de glace. Au nord, on trouve la glace qui flotte sur l’océan, la banquise de l’océan Arctique Cette glace varie chaque saison. Elle est plus étendue en hiver et se rétrécit chaque été (...). À la fin de l’été, la surface a été divisée par deux depuis 30 ou 40 ans. Et on est passé de 8 millions de km2 à 40 millions de km2. »
« (…) Au nord, autour de cette région arctique ou dans les régions de haute montagne comme l’Himalaya, on trouve également des glaces des montagnes (…). Là encore le verdict est sans appel (...) : les glaciers reculent très vite, s’amincissent très vite, leur volume diminue. Il contribuent à la hausse du niveau de la mer, également avec la fonte des calottes polaires. »
« Au sud, sur le continent Antarctique (...), le volume total de glace, c’est la plus grosse réserve d’eau douce sur terre.
« Si l’Antarctique fondait demain, le niveau des mers sur l’ensemble des mers du globe, monterait de près de 60 m. (...) »
« Il est très difficile pour nous tous de percevoir un réchauffement de 1°. Dans une génération de 25 à 30 ans, un glacier pourra avoir reculé de plusieurs centaines de mètres, plusieurs kilomètres pour certains glaciers. »
« Il faut faire attention à avoir un esprit critique.(…) Car il y a le fonctionnement normal, naturel (...) des calottes polaires. Ce que les scientifiques cherchent à savoir aujourd’hui, c’est est-ce que ce vêlage d’iceberg est plus rapide aujourd’hui que ce qu’il est dans un mode de fonctionnement naturel. »
« La banquise, c’est une fine couche de glace. Quelques mètres d’épaisseur à comparer avec les kilomètres d’épaisseur des calottes polaires.(…) D’ici 2030 ou 2040, il n’y aura plus de banquise l’été, au-dessus de l’océan Arctique. »
« Le pergélisol, l’ensemble des sols gelés sur terre, mélange de glace et de sols, subit les effets du réchauffement climatique. »
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Sur les images médiatiques…
« On peut parler de mise en scène de l’information. Les médias ne sont pas simplement un canal qui transmettrait des informations objectives (...). On est dans une logique de la configuration, de mise en scène (...). Une dramaturgie de l’information qui donne une tonalité particulière à la question traitée. »
« Pour nous sensibiliser au réchauffement climatique, pour nous dire que la chaleur augmente, on nous montre le froid. C’est la spectacularisation de ces grandes étendues froides en récession (..), un outil privilégié pour dire le chaud. On dit le chaud en montrant le froid. »
« Autour de la question climatique se développe tout un imaginaire(...). Un ensemble d’icônes dont fait partie l'ours blanc, par exemple. Des images vont circuler et faire le tour de la planète pour montrer le danger ou la menace qui pèse(…). Il y a un effet de mondialisation dans ces images. Elles fonctionnent bien mais éclipsent tout autant les problèmes de biodiversité. »
« En pleine année de Covid, il y a confusion par excès d’informations.(...) Avec les réseaux sociaux aujourd’hui, Il y a démultiplication de l’information sur la question... On trouve le meilleur et le pire, où sont interrogés tour à tour les scientifiques et les jardiniers ; une mise en équivalence de l’information qui est un contexte propice à quelque chose d’anxiogène. »
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« Une équipe de Marseille a trouvé le pictovirus, un virus particulier (...) qui appartient au groupe des virus «géants»; le plus grand virus que l’on ait jamais découvert. »
« Un virus et une bactérie, ce n’est pas du tout la même chose. Il y a d’une manière générale une grande différence différence de taille dans la quantité d’informations que contiennent les virus (...). »
« Chaque type de bactérie et probablement chaque type de virus ne va pas présenter la même résistance face à la décongélation. »
« Les zoonoses sont des virus dont les hôtes naturels sont des animaux ; il peuvent de temps en temps passer chez l’homme. C’est le cas d’Ébola par exemple. »
« L’homme va au contact, il étend de plus en plus son territoire et est confronté à des espèces qui, normalement, n’avaient pas beaucoup de contacts avec l’espèce humaine. »
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Références conseillées par nos invités :
→ Éric Lambin : L’écologie du bonheur | Le Pommier 2008, 301 pages
→ www.sircome.fr : site de réflexion sur la communication Responsabilités Sociales des Entreprises (RSE). Développement durable/Environnement
→ https://lameteorologie.fr : site et revue sur les sciences du climat et de la météorologie (à laquelle contribue Étienne Berthier).
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Le podcast Au Crible de la Science est une coproduction Exploreur / Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées et Quai des Savoirs | Présentation : Sophie Chaulaic, journaliste - Préparation : Catherine Thèves, chercheuse CNRS - Réalisation : Arnaud Maisonneuve - Technique : Vincent Navarro | En partenariat avec l’académie de Toulouse et Campus FM. Avec le soutien du ministère de la Culture.
Crédit : Francesco Ungaro | Unsplash