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Exposition Esprit Critique - Entretien avec Langues de Cha

Entretien avec Langues de Cha

Entretien avec Langues de Cha

Langues de Cha’ n’a pas la langue de bois : entretien avec Charlotte Barbier.

Plus connue sous le nom Les Langues de Cha’, Charlotte Barbier compte 25 000 abonnés sur YouTube pour ses vidéos de vulgarisation scientifique. Cette doctorante en sciences de l’éducation publie régulièrement des vidéos drôles, inspirées et didactiques sur des thèmes liés aux sciences sociales.

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Comment les ados utilisent-ils YouTube ?

Regarder des vidéos sur YouTube est une pratique culturelle partagée par la plupart des jeunes, qui leur permet d'affirmer leurs goûts et créer des références communes. Les contenus regardés correspondent généralement à leur sphère de loisirs hors ligne. Un ado qui pratique une activité sportive sera bien évidemment attiré par les vidéos de son sport favori. Il y a aussi un usage scolaire de Youtube. Les jeunes regardent des vidéos pour réviser ou pour revoir des notions qu’ils n’ont pas très bien intégrées. Mais derrière un vernis d’homogénéité, on se rend compte qu’il y a une pluralité de pratiques. Leurs usages de YouTube sont en partie marqués par leur âge, leur genre et leur classe sociale. On observe certaines inégalités en termes de maîtrise des technologies, de capacité à formuler un jugement ou encore d’intégration de normes féminines ou masculines.


Prennent-ils tout pour argent comptant ?

Non, ils expriment une forme d’autocritique en reconnaissant que ce qu’ils regardent n’est pas toujours très fiable ou intéressant et ils essaient de s’autoréguler. Ils trient souvent l’information de manière pertinente. Ce qui va à l’encontre de l’idée reçue des jeunes un peu écervelés sur internet qui n’ont aucun recul sur ce qu’ils y font. Ceci dit, leurs techniques pour évaluer la crédibilité des informations sont imparfaites et il est important de leur apprendre des stratégies plus poussées, plus fiables, ce qui passe selon moi avant tout par l’école.


Vous publiez des vidéos sur des contenus parfois ardus. Comment vulgariser sans falsifier ?

Pour ma part, je pars d’une question qui m’intéresse, je lis beaucoup sur le sujet, je synthétise, je reformule et j’agence les informations pour que cela devienne compréhensible. Puis je passe mon sujet à la moulinette des professionnels et des profanes : les chercheurs pour qu’ils vérifient la véracité de ce que je raconte et qu’ils m’ouvrent éventuellement de nouvelles pistes d’investigation, les amis qui ne connaissent pas le sujet pour voir ce qu’ils en ont compris. A partir de là, je retravaille mon script.


Vous vous êtes penchée sur les canulars scientifiques. Même les chercheurs produisent des fake news ?

Il y a différents types de fake news produites par les chercheurs. Il y a d’abord les canulars, créés volontairement pour dénoncer une dérive : par exemple une revue scientifique qui ne respecterait pas sa charte déontologique. Ces canulars sont rapidement révélés pour ce qu’ils sont. Plus grave, certains chercheurs s’essaient à la fraude scientifique en gonflant voire en inventant des résultats pour faire avancer leur carrière. Cela reste heureusement extrêmement marginal !

Crédit : Mélissande Bry