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Lumières sur le Quai 2020 - Rencontre avec Laure Teulières

Reprendre la main sur les communs ?

Reprendre la main sur les communs ?

[Lumières sur le Quai 2020] Rencontre avec Laure Teulières, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'Université Toulouse-Jean Jaurès.

« Pour reprendre la main, la première chose est de se sentir puissamment concerné.e »

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Le thème de la prochaine édition de Lumières sur le Quai est « reprendre la main ». Quelles étapes vous semblent nécessaires pour reprendre la main sur notre futur ?

Question énorme ! Ne pas faire face à l’enjeu écologique, c’est perdre totalement la main sur le futur. Les discours sont là, mais pas vraiment les transformations nécessaires. Car il faut rompre avec un imaginaire et des fonctionnements dépassés, contrecarrer des lobbies et des intérêts dominants, sortir du « business as usual » qui inverse les priorités... Il y a donc une étape démocratique pour mettre les sociétés en mouvement. Au niveau individuel, le premier pas est de se sentir puissamment concerné, engagé, et d’agir en ce sens, chacun à sa façon et en se mobilisant collectivement.

 

On commence à parler de sobriété énergétique en matière de numérique. Par quels moyens peut-on y parvenir ?

Hors des aspects techniques qui ne sont pas ma partie, ce qui est certain, c’est que la sobriété impose de considérer les usages et leurs développements. Sans cela, toute amélioration technologique aboutit, par effet rebond, à une augmentation de la consommation. Le déploiement imposé de la 5G devrait soulever un tel débat : qu’est-ce que cela permettra réellement ? En avons-nous besoin ? Est-ce compatible avec l’indispensable objectif de sobriété ? Poser ces questions, c’est déjà y répondre. C’est sans doute pourquoi les populations n’ont jamais été consultées. Lancer ce nouveau réseau est surtout un enjeu techno-capitaliste et de compétition entre puissances.

 

A quoi pourrait ressembler le monde de demain ?

Il dépend des bouleversements écologiques en cours. Au mieux, nous aurons à nous adapter à des changements très importants, de l’environnement et par contrecoup de nos organisations sociales, des équilibres géopolitiques, des mobilités, des modes de vie… Au pire, nous engageons une trajectoire encore plus incertaine, effet d’un emballement climatique aux conséquences irrémédiables. Cela dépend de notre capacité à diminuer rapidement et radicalement notre empreinte, et donc notre façon d’être au monde. Un avenir bien moins consumériste dans nos pays développés, relocalisé, et beaucoup plus solidaire et égalitaire pour rendre ces transformations possibles.
 

Quelles découvertes, quelles innovations, vous font rêver ?

Celles qui amènent une nouvelle vision du vivant et de notre place en son sein. Nouveaux regards sur le microbiote, l’intelligence animale, l’interaction entre les espèces, l’importance des symbioses… autant d’exemples d’une science qui nous aide à comprendre combien nous sommes reliés et inter-dépendants. Il est dommage de ne voir que l’innovation technologique. Aujourd’hui nous avons grand besoin de renouveler nos modes de compréhension et les valeurs qui guident nos actions...


Reprendre la main sur les communs ? Afterwork avec Laure Teulières

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