
Nous sommes tous des makers !
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Quel rôle peuvent jouer les fablabs et initiatives de la culture maker dans la relocalisation de la production ?
Le Mouvement Maker [ceux qui font par eux-mêmes et avec les autres, que nous retrouvons dans les fablabs et autres espaces de fabrication partagée] permet de produire différemment en donnant à tout un chacun la possibilité de fabriquer par soi-même localement, en intégrant les besoins du territoire tout en étant globalement connecté au monde par le biais du numérique et de la circulation des fichiers (documentation) et des savoir-faire. Il s'agit donc d'être plus résilient, de favoriser l'innovation, la polyvalence, la rapidité et le faire ensemble pour fabriquer une société différente.
Quelles actions menez-vous personnellement avec Roselab ?
Le Roselab est le fablab de La Cité, cœur de l'innovation collaborative et durable de la région Occitanie. Il vient compléter le réseau des labs sur le territoire (fablab, makerspace, ateliers artisans partagés, living lab…) avec la volonté de se mettre au service des besoins du territoire. Il a pour vocation de rapprocher les mondes : celui des makers en plein essor, ceux de l’Université, ceux des entreprises (du porteur de projet au grand compte), ceux des artisans pour qu’ils innovent ensemble et celui du grand public, hommes et femmes, de tous horizons. Il facilite les connexions entre ces publics qui leur permet de mieux communiquer ensemble et ainsi créer, fabriquer et réparer des objets pour fabriquer la société d’aujourd’hui et de demain.
Nous menons donc des actions diverses allant de la découverte de la fabrication jusqu’à des workshops sur des technologies de pointe bien que notre principale activité soit celle de connecteur/passeur entre ces mondes et ainsi favoriser la fabrication distribuée.
Quelles leçons tirer de la crise mondiale du Covid ?
La crise mondiale du Covid a mis en lumière des manques et parfois des erreurs de notre système en place, mais aussi la richesse des hommes et des femmes sur nos territoires. L’apparition des tiers-lieux dont les labs, des méthodes agiles, de l’innovation ouverte, la montée du Mouvement Maker… ont surtout participé à répondre à l’urgence sanitaire, culturelle et sociale provoquée par le COVID démontrant ainsi l’existence d’une société plus résiliente et du faire ensemble. Notre société a été transformée en profondeur et en l’espace de quelques mois, rien n’est donc impossible ou immuable.
Comment capitaliser pour le futur autour de cette expérience inédite ?
Cette expérience inédite a révélé au grand jour la fabrication distribuée (locale et globalement connectée), le faire ensemble et la résilience de notre société. Par exemple, la résilience n’est plus un concept tendance, mais un véritable phénomène social, culturel et économique. Il faut impérativement accepter la différence, faire un pas de côté et surtout être inclusif pour pouvoir fabriquer ensemble.
Nous devons continuer à maintenir ces liens et à accompagner notre société dans cette transformation en partie numérique. Il faut donc valoriser ces modes de fonctionnement, les vulgariser pour que personne ne soit laissé de côté et toujours continuer à les adapter aux besoins immédiats et nécessaires de chaque territoire. Faire ensemble !
Quelles expérimentations récentes vous ont marqué ?
Elles sont nombreuses, mais toutes en lien avec la fabrication distribuée et du faire ensemble.
J’ai par exemple pu participer à la création d’un prototype de masque FFP2 où un fablab (Roselab), des Makers (collectif Makers&Co), une entreprise (EmotionTech) et un groupe citoyen de couturières ont œuvré ensemble pour innover et trouver une solution sanitaire d’urgence en quelques jours et de manière efficace.
J’ai fabriqué en réseau des visières imprimées en 3D sur toute l’Occitanie avec une gestion collaborative des actions, une circulation des modèles de fichiers mondialement et enfin une réponse à un besoin de territoire de manière rapide.
J’ai pu créer une application, Le Minitel du Faire, pour partager des ressources et occuper le temps du confinement. J’ai pu animer des évènements distribués pour faire du lien grâce à un groupe de jeunes makers, le MakerCrew, venu de toute la France.
J’ai simplement fait par moi-même et surtout avec les autres pour répondre à des enjeux de notre société.
Pensez-vous qu’il soit réellement possible de reprendre la main sur nos futurs ?
Oui et dorénavant je suis en capacité de pouvoir le prouver par des éléments concrets. Pendant le confinement, mais surtout après, nous avons continué à faire ensemble.
Réparer un objet plutôt que de le jeter, pouvoir créer par soi-même son idée, innover ensemble… sont devenues de véritables valeurs de notre société. Notre principale force ne vient pas de ce que nous pouvons faire puisque les champs des possibles sont infinis, mais bien de comprendre comment nous pouvons le faire et du chemin qu’il reste à parcourir, mais nous le faisons ensemble. Nous sommes tous des makers !