Murder Party « Iris Noir » : jouer contre le harcèlement

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Une enquête ambiance polar noir pour sensibiliser au harcèlement sur les réseaux sociaux. C’est la carte jouée par « Iris Noir », une Murder Party imaginée par le Quai des Savoirs et l’auteur Nicolas Druart, en partenariat avec Toulouse Polars du Sud. Un jeu testé par les jeunes en structure. Et approuvé.

Manon était une adolescente comme les autres. Elle est morte. Son entourage s’interroge sur la cause de son décès. Éléments matériels, messages sur les réseaux sociaux, témoignages de ses proches… aux joueurs d’éplucher tous les indices et de découvrir son meurtrier.

À l’aide d’un guide de jeu, de cartes personnages, de propositions d’accessoires, de cartes questions et indices reprenant les codes des jeunes et des posts sur les réseaux sociaux, l’animateur du jeu peut faire vivre cette enquête sous forme de jeu de rôle. « Un format particulièrement adapté aux adolescents », apprécie Emeline, animatrice à la MJC d’Empalot où un groupe de jeunes a testé cette Murder Party. « Le jeu est relativement facile à mettre en place et comme les jeunes sont déjà sensibilisés au sujet du harcèlement, la discussion démarre rapidement ».

Crédit : Caroline Carissoni

Un thème porteur

Objectif atteint donc. Le scénario travaillé avec l’auteur de polar Nicolas Druart et les tests auprès des jeunes des MJC d’Empalot (13-15 ans) et d’Ancely (17-18 ans) ont largement contribué à valider le rythme et le déroulement du jeu. Et la pertinence de la thématique.

« On est beaucoup sensibilisés au collège au harcèlement sur les réseaux sociaux, aux violences sexuelles aussi, car sur les réseaux sociaux, ça peut aller loin. C’est vraiment nécessaire d’en parler », approuve Camélia, 14 ans. « Manon, dans le jeu [La jeune fille décédée NDLR], ils l’ont affiché sur Internet. On a tous connaissance d’histoires comme celle-là. Ça pourrait être vrai », poursuit l’adolescente. Comme les autres jeunes testeurs d’Empalot, Camélia souligne la responsabilité collective et le fait que chacun peut devenir harceleur. « Tout le monde est coupable même si ce n’est pas fait exprès, car ils ne croyaient pas que ça lui faisait du mal », abonde Marley, 11 ans. 

Un réalisme qui suscite le dialogue

« C’est une histoire difficile », concède Nayah, 13 ans, « mais il faut informer sur les dangers qui peuvent aller jusqu’au suicide. » Le ton policier aide précisément à ancrer le récit dans la réalité et à susciter la parole.

« On sait déjà que face au harcèlement, c’est important de se confier », poursuit Marley, « même pour une toute petite chose, car sinon ça peut empirer. Dès que ça commence, il faut le dire ». Camélia acquiesce : « Cela nous apprend l’importance de parler et de se confier ; et aussi à être attentifs aux autres ».

La prise de conscience va même plus loin pour Mohamed, 13 ans, qui avoue avoir modifié son comportement familial : « Le jeu m‘a poussé à davantage parler à mes parents », confie-t-il. « Pas que sur le harcèlement, mais aussi sur mes envies, mes bêtises, de tout en général ».

Sensibilisation ludique

Côté animateur, on salue la qualité du dialogue ouvert par le jeu. « Le thème est intéressant pour nous, animateurs en association d’Éducation Populaire, explique Emeline, car cela nous permet d’être identifiés par les jeunes comme une ressource auprès de laquelle s’exprimer sur ces problématiques, en complémentarité de l’Éducation nationale et des parents ». En MJC, en atelier scolaire, en médiathèque, etc., le jeu peut servir de support de sensibilisation dans de nombreux contextes, tout en restant ludique. « II y a eu beaucoup de discussion et en plus, à la fin du jeu, c’était sympa, car on a partagé nos notes sur les indices et c’est devenu collaboratif », conclut Caméila.

Le jeu a été présenté le 20 septembre aux structures qui l’ont déjà réservé dans le cadre de l’action territoriale 2022-2023. Il sera prochainement disponible pour tous sur demande, nous vous tiendrons informés !


Crédit photo d’en tête : Adobe Stock