Retour

Rencontre avec Magali Fretay

Rencontre avec Magali Fretay

Rencontre avec Magali Fretay

Adjointe au chef du centre de secours de Toulouse Carsalade

« Je suis persuadée de faire le plus beau métier du monde. »

« Je suis persuadée de faire le plus beau métier du monde. »

 

Devenir pompier est souvent un fantasme ou un rêve inassouvi. Mais comment passe-t-on à l'acte et devient-on pompier ?

Effectivement, pour nombre d'entre nous, nous avons voulu devenir pompier ou policier dans notre jeunesse, ou nous connaissons des enfants qui nourrissent ce rêve. Puis les années passent et nous nous intéressons à d'autre métiers. Pour ma part, ce rêve ne m'a jamais quitté. J’ai découvert le milieu des pompiers à l'âge de 4 ans, lorsque mon père est devenu sapeur pompier volontaire. J'ai donc toujours été immergée dans ce milieu. Je passais beaucoup de temps à la caserne dans mon village en Bretagne. Ce qui m'a amenée à intégrer, à 14 ans, une section de jeune sapeurs-pompiers, où j'ai appris les bases de l'activité et où l'on m'a transmis les valeurs chères à ce milieu, l'altruisme, l'entraide, la solidarité.

 

Par la suite, à 16 ans, je me suis engagée en qualité de sapeur-pompier volontaire au centre de secours de mon village. J'y ai vécu mes premières interventions de secours à la personne, d'accidents de circulation, d'incendies, j'ai pu participer aux opérations de nettoyage des plages de la côte Atlantique suite à la marée noire de l'Érika. En 2000, j’avais 19 ans, j'ai souhaité m'engager au Bataillon des marins-pompiers de Marseille, j'ai donc souscrit un volontariat service armées. Cette expérience très enrichissante m'a confortée dans l'idée d'en faire mon métier. J'ai donc présenté le concours de sapeur-pompier professionnel que j'ai obtenu la même année. J’ai eu mon premier poste au centre de secours de Saint-Malo. Devenir pompier a été pour moi une évidence, une vocation qui ne m'a jamais quittée, et aujourd'hui encore je suis persuadée de faire le plus beau métier du monde.

 

Que se passe-t-il dans votre tête quand vous « allez au feu » ?

La fonction d'officier que j'occupe depuis maintenant 5 ans me demande d'avoir une approche plus globale de l'intervention, de la gestion opérationnelle et du commandement, je suis donc moins au contact du feu que les personnes du terrain qui sont en première ligne. Cependant, il y a une idée qui ne nous quitte jamais, c'est bien évidemment la priorité des sauvetages à réaliser, mais également l'importance de la sécurité individuelle et collective dans la réalisation de nos missions.

 

Comment se fait-on une place dans un milieu réputé dur pour les femmes ?

En tant que femme qui travaille dans ce milieu depuis plus de 20 ans, je constate que les choses ont nettement évolué et se sont améliorées. Cependant, il faut avoir à l'esprit qu'une femme dans ce milieu sera toujours plus regardée que les hommes, non pas pour son physique, mais pour ce qu'on attend d'elle et de ses compétences. Cela donne parfois la sensation de devoir faire ses preuves deux fois plus qu'un homme. Mais ce n'est pas un métier ou une activité réservée aux hommes, une femme a sa place dans ce milieu autant qu’un homme. Cela demande malgré tout d'être dotée d'un caractère assez trempé et d'une détermination sans faille. La place d'une femme dans ce métier va se construire au fur et à mesure de ses expériences et de son expérience auprès de ses pairs.

 

Au-delà du feu proprement dit, quelle place accordez-vous à la formation et à la prévention ?

Au-delà du feu, la formation est primordiale chez les pompiers car nous sommes des techniciens du risque. Elle doit évoluer constamment pour faire face aux nouveaux risques et risques émergents liés notamment aux évolutions technologiques, par exemple les véhicules électriques, les panneaux photovoltaïques, les risques liés à l'hydrogène… Mais également le réchauffement climatique, avec des feux d'espaces naturels de grande ampleur et des catastrophes naturelles récurrentes aux conséquences parfois dramatiques (inondations, tempêtes, glissements de terrain...).

 

D'autre part, la prévention est un enjeu primordial car cela permet d'éviter l'éclosion d'un sinistre et d'en limiter ses conséquences. Cela passe également par la sensibilisation du grand public et son acculturation aux risques afin qu'il adopte les bons comportements pour ne pas se mettre en danger inutilement et qu'il soit acteur de sa propre sécurité.

--

Pour tout comprendre sur le feu, venez découvrir l'exposition "Feux, mégafeux"

--

Photos : ©SDIS31