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Lumières sur le Quai 2020 - Rencontre avec Romain Tardy

Qu’avouons-nous à Google ?

Qu’avouons-nous à Google ?

Une installation monumentale de Romain Tardy

[Lumières sur le Quai] The Great Indecision Council, l'installation grand format de Romain Tardy, accueillie au Quai des Savoirs du 10 octobre au 1er novembre 2020.

Qui voulons-nous être et qui sommes-nous vraiment ? Quand nous sommes seuls face à notre ordinateur ou notre smartphone, qu’avouons-nous à Google que nous ne dirions à personne d’autre ?

L’installation grand format de Romain Tardy, The Great Indecision Council, accueillie dans la grande salle du Quai des Savoirs du 10 octobre au 1er novembre 2020, propose un portrait de la société vu à travers le prisme de Google. 18 modules lumineux, placés en cercle, affichent en temps réel les mots les plus recherchés et les news les plus consultées sur Google en France. Une installation qui hypnotise et envoûte, mais qui questionne aussi sur nos relations à internet et leurs répercussions sur notre société.Explications de Romain Tardy, artiste protéiforme.

⇒ Retrouvez les captations de l'installation sur notre chaîne Youtube

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The Great Indecision Council - Crédit : Romain Tardy


Que cherche à démontrer votre installation, the great Indecision Council ?

Elle montre la différence entre ce sur quoi on doit être intéressé et ce qui nous intéresse réellement via nos recherches sur Goggle. On ne sait jamais à l’avance ce qui va en ressortir : cela dépend bien évidemment de la période et du pays dans lesquels on se trouve. Mais cette installation fait écho à des tendances partagées, elle rend tangibles les centres d’intérêts d’une population donnée à un moment donné.


Cette exposition a déjà été présentée dans plusieurs lieux. Comment le public réagit-il ?

C’est la 2e fois qu’elle est présentée en France, après la fête des Lumières à Lyon. Elle est née sur une petite île de la Mer du Nord, aux Pays-bas, dans un lieu coupé du monde. Elle a voyagé au Luxembourg, sur une plage en République dominicaine... Le lieu où elle est installée joue sur la perception que l’on a de l’installation. Dans un lieu coupé du monde, déconnecté, les visiteurs s’y attardent, s’interrogent. Dans des lieux plus urbanisés, elle semble d’avantage faire partie de leur quotidien.


Prendra-t-elle une forme particulière à Toulouse ?

C’est la première fois qu’elle prendra place dans une salle d’exposition, où l’on maîtrise toutes les données, en particulier la lumière et le son. Une voix prononcera les mots qui défileront sur les différents modules, en harmonie avec la musique qui sera diffusée. C’est un défi intéressant car nous voulons créer une véritable expérience pour le public, qui pourra prendre son temps, s’installer, interagir. Nous voulons aussi en faire un lieu de rencontre sociale.


Qu’apporte le numérique dans votre démarche artistique ?

Je suis né en 1984. Je fais partie de la dernière génération à avoir connu le monde d’avant internet. L’arrivée du numérique a été un moment charnière dans l’histoire technologique, sociale, du monde, un bouleversement comparable peut-être à ce qu’a été l’apparition de l’électricité. Ce qui m’intéresse dans tout ça, ce n’est pas tant la technique que ce qu’elle va dire du monde qui nous entoure. Le numérique reste pour moi un outil, un moyen contemporain pour comprendre ce qui se joue.


Peut-on qualifer votre œuvre d’art numérique ?

Mon travail entretient un lien direct et indéniable avec le numérique. Il tourne autour des questions que pose le numérique dans nos sociétés. Pour autant, je suis avant tout un artiste visuel, qui travaille sur des installations physiques résonnant avec le lieu où elles sont implantées. Elles sont le plus souvent conçues comme des expériences sensorielles recourant notamment au mapping, aux sons et à la lumière, et mises en mouvement grâce à un processus numérique.


La période du confinement que nous avons vécue a-t-elle changé quelque chose dans votre approche ?

Elle n’a pas été pour moi une période inspirante ! Et paradoxalement, elle ne m’a pas poussé à rendre moins physiques mes installations. En revanche, elle m’a amené à réfléchir au fait que ce monde numérique dépend de ressources limitées et de produits fabriqués dans des conditions qui laissent souvent à désirer. Nous avons beaucoup de choses à réinventer. La question d’un numérique soutenable est aujourd’hui essentielle.

 

Romain Tardy a étudié l'art et le design pendant quatre ans, avant de décider de passer à autre chose. Pionnier du Vjing*, il a cofondé en 2006 le collectif AntiVJ.  Référence dans les arts numériques et l’univers électro, il s’inspire des sites sur lesquels il intervient pour créer des installations, petites ou grandes. Toutes interrogent la manière dont notre perception du monde et nos rapports sociaux se sont transformés avec le numérique. Aujourd’hui, il vit et travaille à Bruxelles. À côté de ses productions personnelles, il se consacre à la direction artistique et créative, ainsi qu’au conseil en art.
Crédit : Andrea Aubert
* Performance visuelle alliant création et projection vidéo en temps réel, synchronisées sur une bande son.

 

 

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